Origine et histoire de l'enceinte médiévale
Mur d'enceinte daté du XIVe siècle, édifié lors du troisième agrandissement de la ville ; des fouilles d'évaluation ont mis au jour le mur d'escarpe, l'amorce de la porte de Saverne et les vestiges d'une petite tourelle pentagonale, inscrits aux monuments historiques depuis le 29 octobre 2001. L'enceinte médiévale s'inscrit dans un long processus d'extension de Strasbourg entre les XIe et XVe siècles, durant lequel la cité absorbe successivement ses faubourgs par la création de quatre murailles. La première enceinte, probablement installée sur et autour de l'ancien castrum romain, protégeait le noyau urbain où s'élevait la cathédrale et la résidence épiscopale. Le Fossé des Tanneurs a longtemps matérialisé le front nord de cette première muraille ; mentionné dès 1257, il a été remanié lors des agrandissements suivants et subsiste dans le paysage urbain sous la forme d'un égout voûté dont des arches restent visibles sous la place Benjamin‑Zix et entre la Préfecture et l'Opéra. Vers 1200–1250, la seconde enceinte dite de la Finkwiller enferme la Grande Île et se caractérise par une muraille en briques crénelée, un chemin de ronde, de nombreuses tours et un réseau continu de fossés et de bras de l'Ill. Cet ensemble, jalonné d'une vingtaine de tours et percé de portes et de poternes, était précédé d'une fausse braie ; un tronçon en brique subsiste entre l'église Sainte‑Madeleine et la rue du Fossé‑des‑Orphelins, inscrit à l'Inventaire supplémentaire en 1929. Pour protéger la traversée des bras de l'Ill, les Ponts‑Couverts furent édifiés au XIIIe siècle : quatre tours et des galeries contrôlaient les passages fluviaux, dont trois tours ont posteriorément survécu. La troisième extension, conduite entre 1370 et 1390 pour inclure les faubourgs ouest et nord‑ouest, a créé un rempart d'environ 2,6 km couvrant près de 76 hectares ; il se composait d'un mur en briques sur fondations sur pieux, flanqué de tours carrées et de tourelles octogonales et précédé d'un fossé inondé. C'est à cette phase qu'appartient le mur XIVe siècle mis au jour en bordure de la gare, révélant la porte de Saverne et une tourelle pentagonale. La quatrième et dernière enceinte, réalisée entre 1404 et 1444 pour protéger la Krutenau, remplace palissades et fossés par un mur en briques long d'environ un kilomètre et comportait plusieurs portes, dont la porte des Bouchers et la porte des Pêcheurs. Les fortifications comprenaient également des tours‑portails et des édifices à vocation communale, comme la Tour aux Deniers élevée en 1322, qui abritait trésor et archives municipales avant d'être démolie au XVIIIe siècle. Au fil du temps, ces enceintes et leurs abords ont été adaptés aux évolutions de l'artillerie et aux enjeux politiques, puis partiellement détruits ou intégrés aux aménagements modernes. Malgré ces transformations, des vestiges conservés dans des murs d'immeubles, des caves et le tracé urbain permettent encore de restituer les dispositifs défensifs médiévaux — murs d'escarpe, fossés, tours et portes — et d'en suivre les quatre grandes phases d'extension qui ont structuré la ville médiévale.